Que ce soit au niveau de l’alimentation ou du mode de vie, les immigrants sont contraints à plusieurs changements dès leur arrivée au Québec. Le maintien d’une bonne santé devient donc un élément important dont il faut se préoccuper. Selon certaines recherches, la langue pourrait être un des facteurs agissant comme obstacle à l’atteinte de cet objectif.
Une étude intéressante
Le phénomène d’acculturation décrit les changements culturels résultant de la rencontre entre au moins deux groupes ethniques. Une étude récente menée à Ottawa (Canada) a tenté d’analyser ce processus d’acculturation, plus précisément au niveau alimentaire. Les participantes étaient des mères immigrantes de première génération, soit d’Afrique subsaharienne ou des Caraïbes. Cette recherche visait à observer les changements alimentaires suite de l’immigration de ces femmes.
Il est bien connu que les saines habitudes alimentaires sont très importantes dans le contexte de la santé (ex : prévention des maladies chroniques, contrôle du poids, etc.). Selon différentes études effectuées dans des milieux anglophones, les francophones immigrants à statut linguistique minoritaire, sont les personnes en moins bonne santé, étant le plus souvent en surpoids et ayant moins accès à des soins de santé de qualité. Une analyse approfondie a été réalisée chez les femmes d’ethnicité noire de la région d’Ottawa afin de comparer l’accessibilité aux ressources en santé selon leur statut linguistique.
Des résultats troublants
Les analyses statistiques ont démontré que les femmes qui ne connaissaient pas l’anglais habitant à Ottawa avaient souvent plus de difficulté à accéder à des informations en santé, dont celles traitant de la saine alimentation (par exemple, le Guide Alimentaire Canadien). Celles-ci avaient également moins accès à des médecins qui parlaient leur langue. En effet, selon les résultats, environ 20% des femmes parlant exclusivement le français étaient contraintes à consulter un médecin anglophone. Cette statistique est déconcertante ! Elle signifie que les informations médicales transmises sont souvent sujettes à des erreurs d’interprétation, pouvant mener à des erreurs médicales. De plus, le fait de devoir s’exprimer dans une langue qui n’est pas familière peut certainement être un obstacle empêchant au moins 1 femme sur 5 de s’exprimer librement en ce qui a trait à leur santé. Il n’est donc pas étonnant que la langue soit un facteur à considérer dans les démarches pour optimiser la santé des immigrants.
Comment peut-on améliorer la situation ?
Certainement, ce projet de recherche souligne l’importance d’offrir des soins de santé et des informations sur la santé qui sont diversifiées aux niveaux linguistique et culturel. Il est donc primordial que les professionnels de la santé soient sensibilisés aux différences de culture et formés adéquatement afin de répondre aux besoins de tous. D’un autre côté, il est également important d’accompagner les immigrants afin de faciliter leur accès aux ressources et leur fournir du soutien. Certes, ces quelques pistes nous permettraient de réduire considérablement les disparités observées dans cette étude, plus particulièrement chez les minorités linguistiques du milieu. Cette problématique est également pertinente dans la région de Montréal, où la diversité culturelle et linguistique sont d’autant plus présentes.
RÉFÉRENCE
Blanchet, R., Nana, C.P., Sanou, D., Batal, M., & Giroux, I. (2018). Dietary acculturation among black immigrant families living in Ottawa – a qualitative study. Ecology of Food and Nutrition. 57:3. 223-245.
Marianne Lefebvre Dt.P.M.Sc.
Nutritionniste spécialisée en nutrition internationale
Merci à Laurence Viau, stagiaire en nutrition pour sa participation à cet article.