Lorsqu’ils arrivent au Canada, les immigrants semblent être en excellente santé. Malheureusement pour plusieurs raisons, ils deviennent à risque de voir leur santé se détériorer. De part sa nature, le processus d’immigration est stressant et perturbant, en autre parce qu’il s’accompagne souvent de contraintes financières, de problèmes d’emploi et d’absence d’un réseau de soutien (famille, amis), soit des facteurs importants pouvant nuire à l’état de santé. Dès leur arrivée, les nouveaux migrants font face à de nombreuses problématiques : déqualification professionnelle, baisse du niveau socioéconomique, nouveaux modes de vie, précarité d’emploi, discrimination, perte de réseaux sociaux et j’en passe. La perte du réseau de soutien est considérée comme un facteur de risque important de détérioration de l’état de santé. Selon les données de l’Enquête nationale sur la santé de la population (1999), les immigrants étaient deux fois plus susceptibles que les Canadiens de naissance d’indiquer une détérioration de leur état de santé. Étonnamment, même les immigrants de longue date étaient plus susceptibles que les Canadiens de naissance d’indiquer que leur état de santé était passable ou mauvais.
Gain de poids et sédentarité
La prévalence des problèmes de santé chroniques chez les nouveaux arrivants est nettement moins élevée que celle observée parmi la population née au Canada. Pourtant, au fil du temps, l’état de santé de ces nouveaux migrants a tendance, tôt ou tard, à se détériorer. Cette détérioration semble associée au gain de poids et à l’inactivité physique.
Cette détérioration, plus fréquente chez les femmes, se manifeste principalement par une prise de poids pouvant aller jusqu’à 4 à 5 kilos. Cette caractéristique est particulièrement forte dans les communautés du Maghreb et du sous-continent indien.
L’Hiver, un obstacle qui perdure
Plusieurs facteurs expliquent cette situation dont une inadaptation au climat et une diminution du temps libre et du temps réservé à la préparation des repas. Leurs priorités étant davantage de trouver un travail, un foyer convenable et de bien s’installer dans leur nouveau pays d’adoption. Il est à noter que l’hiver a un impact considérable sur leur pratique d’activités physiques : les immigrants ne bougent pas assez durant la saison froide.
Marianne Lefebvre M.Sc.Dt.P.
Nutritionniste spécialisée en nutrition internationale